bataille de wissembourg et du geisberg

Bataille du 4 août 1870

Cadre général.

C’est la 1ère bataille du conflit franco-prussien, connue sous le nom de bataille de Wissembourg et du Geisberg.

Elle fut suivie par une série d’affrontements entre les deux armées qui amenèrent, pour la France un mois après, le 4 septembre 1870, à la chute de l’Empire et l’avènement de la troisième république.

Pour la Prusse, cela aboutira à la création de l’empire allemand en 1871 dans la galerie des Glaces au château de Versailles.

La France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet.

Certaines de nos troupes sont aguerries et d’excellente qualité. Elles ont combattu en Crimée, au Mexique, en Algérie et en Italie, au sein de corps expéditionnaires renommés et victorieux. D’autres troupes, qui forment un maillage territorial serré, accueillent les réservistes, les volontaires et les conscrits, avec enthousiasme, mais sont de préparation opérationnelle différente.

La Prusse et les états d’Allemagne du Nord.

Ils avaient soudé leurs unités, développé leur organisation, leurs équipements dont l’artillerie, lors des conflits contre le Danemark en 1864, et contre les Autrichiens à Sadowa en 1866. Enfin, les royaumes de Bavière (Louis II), les Badois et les Wurtembergeois avaient résolu de signer des accords de soutien avec la Prusse.

 

Les signes précurseurs de la bataille.

Dans la région de Wissembourg, il y eut des signes précurseurs de la bataille : des intrusions (patrouille Zeppelin), des escarmouches à Seltz et Lauterbourg, quelques tentatives d’intimidation, notamment sous les remparts de Wissembourg, à Altenstadt, dans la forêt du Bienwald.

Et pourtant, Wissembourg, petite cité de 5200 habitants, est vide de troupes. Les habitants représentent sensiblement les effectifs de la 2ème division du général Abel Douay qui seront engagés durant la journée du 4 août

La division Abel Douay

A la veille des combats, la division Douay, dont le poste de commandant se situe à Steinseltz, n’est pas au complet. Elle compte théoriquement près de 6500 officiers, sous-officiers et hommes de troupe. 5200 participeront aux combats. Elle se compose de 2 brigades d’infanterie, de ses appuis en artillerie et génie, et est renforcée d’une brigade légère de cavalerie.

La 1ère Brigade du général de Montmarie implantée au Geisberg avec :

- Le 50ème d’infanterie de ligne à 2 bataillons.

- Le 74ème d’infanterie de ligne à 3 bataillons. Son 2ème bataillon (commandant Liaud) s’installe le 3 août vers 20h dans Wissembourg, et remplace la garde bourgeoise sur les portes et les remparts.

- Le 16ème Bataillon de Chasseurs à Pied de Besançon, est détaché à Seltz avec le dernier bataillon du 50ème de ligne. Ces deux éléments seront donc absents pour la bataille

La 2ème Brigade du général Pellé implantée au Vogelsberg avec :

- Le 1er tirailleur algérien avec 3 bataillons.

- Le 78ème d’infanterie de ligne, mais qui a reçu la mission de faire la liaison avec la division Ducrot à partir du col du pigeonnier/ Climbach. Il ne participera pas à cette bataille.

Les appuis divisionnaires.

Ils sont placés initialement légèrement en arrière, le long du ruisseau de Rott:

- Avec l’artillerie composée de 3 batteries : les 2 batteries de « 4 » la 9ème du Capitaine Didier et la 12ème du capitaine Foissac, ainsi que la 12ème batterie de mitrailleuses du capitaine de saint-Georges.

- La compagnie de génie du capitaine Schwaab.

Les renforcements.

La division est renforcée de la brigade de cavalerie légère du général de Septeuil, qui sera utilisée pour les reconnaissances au Nord de Wissembourg et vers Lauterbourg. Elle se compose du 3ème Hussard, et du 11ème chasseur.

LA bataille de wissembourg

CADRE GENERAL.

Le 4 août à 8h20, le premier obus, tiré des hauteurs de Saint Paul, tombe à Wissembourg, sur la place du marché aux Choux ; un second explose sur la place de l’hôtel de ville, Le tocsin de Wissembourg sonne à toute volée. C’est le début de la bataille qui durera 7 heures environ. Nos troupes vont se battre à 1 contre 7, parfois sur certaines positions à 1 conter 10.

Un épisode de la bataille des remparts.

Le commandant Liaud jette ses 6 compagnies sur les remparts et fait ouvrir un feu nourri contre les Bavarois du général von Botmer qui sont ainsi contenus.

Mais vers midi, ce sont deux divisions bavaroises qui remontent à l’attaque avec encore plus de fureur et d’intensité.

Le sergent Major Curtelin et ses camarades font le coup de feu à partir des remparts crénelés et permettent ainsi au gros du bataillon de se regrouper à la porte de Bitche pour tenter une sortie. Ce combat retardateur leur coutera la vie.

L’épisode de la place du Marché aux Choux.

Le Commandant Liaud reforme son dispositif et gère les dernières munitions. Chacune des 3 portes doivent être défendus par 2 compagnies. La 1ère et la 3ème partent pour celle de Haguenau, au pas de course, à travers les ruelles.

« En avant ! le 74ème » s’écrie le capitaine Launay Onfrey à la tête de la 1ère compagnie et qui s’élance sabre haut, « à la baïonnette »… et c’est l’épisode intense des combats au corps à corps à 1 contre 10 place du Marché aux Choux. Launay Onfray est mortellement blessé. Le commandement de la petite troupe est repris par le capitaine Daubas qui commande la 3ème compagnie. Il reprend la défense et commande les feux, calmement et en ménageant les munitions. Le combat est terrible, acharné, dans les escaliers, les corridors, dans les ruelles adjacentes. Mais la situation est critique, la population demande que la lutte cesse, le conseil municipal sort le drapeau blanc…

Bilan des combats dans Wissembourg.

600 hommes auront contenu deux divisions bavaroises. Ils auront perdu 2 officiers (le capitaine Launey-Onfrey et le lieutenant Petit) une quarantaine de sous-officiers et soldats dont le sergent-major Curtelin et ses 6 camarades qui reposent tous les 7 dans la même tombe à Wissembourg).

Les abords de Wissembourg. Altenstadt. Les combats de l’allée des peupliers et de la gare

Le dispositif.

Le général Pellé, l’un des plus anciens et expérimentés brigadiers de notre armée, fait déboucher au pas de course le 1er tirailleur (le 1er turco) aux cris perçants des « you, you » des montagnards kabyles, suivi par la 9ème batterie d’artillerie du capitaine Didier, qui se met en place devant la gare, en contre-batterie de l’artillerie bavaroise. Il sera bientôt blessé par un éclat d’obus.

- Le 4ème bataillon (de Coulange) se porte à l’Ouest de Wissembourg, au pied des remparts à la porte de Bitche,

- 2ème bataillon (Sermensan) se déploie à l’Est sur la Lauter (les moulins),sur les anciennes lignes de Wissembourg,

- 3ème bataillon (de Lammerz) se place en réserve le long du chemin de fer, en avant des houblonnières.

- Les 3 bataillons lutteront farouchement

les combats mémorables de l’avenue des peupliers et de l’enclos.

Aujourd’hui stade « des Turcos ».

L’allée des Peupliers. Commence alors une effroyable fusillade, Les lieutenants Bellamy et Cazals sont mortellement touchés dès les premiers coups de feu. La canonnade, les bruits de la lutte, la fumée, les cris des assauts et le râle des blessés créent une ambiance sinistre, terrible, infernale. Derrière les haies, les clôtures et les vignes, les turcos opposent la plus redoutable des résistances. Ils luttent pied à pied, contre un adversaire 10 fois plus nombreux. Ils ont perdu la moitié de leur effectif, presque tous leurs officiers.

Dans l’enclos, 300 turcos se sont retranchés, et malgré les obus, restent inébranlables face à un bataillon prussien, puis s’affrontent au fameux 58ème allemand, le régiment du roi de Prusse. Quelle mêlée ! Le régiment prussien est broyé.

La gare : Puis c’est le repli vers la gare saccagée par les combats, parfois à la baïonnette, « à la fourchette » comme on dit dans le jargon, et toujours en bon ordre, les 3 bataillons Turcos rejoignent le village de Rott.

Le lieutenant Grandmont, blessé de neuf coups de feu, deux bras cassés et une jambe fracturée, refuse de se laisser enlever par ses hommes et leur ordonne de retourner au combat ; il reste sur le champ de bataille. Recueilli par un médecin il survivra un mois encore. Le capitaine Kiener, atteint de plusieurs balles est transporté dans sa famille en Alsace et y meurt quelques semaines après. Grandmont et Kiener du 1er Turco et Launay Onfray du 74 reposent ensemble dans la même tombe dans le cimetière de Wissembourg

LE geisberg.
vue synthétique des combats

Il est 10h00 environ. Le général Douay fait soutenir par les feux de la 12ème batterie Foissac , les mouvements de la brigade Pellé et de ses tirailleurs. « tenez ferme et vive la France » crie t’il en galopant aux soldats qu’il rencontre sur sa route.

Il rejoint le Geisberg. Arrive alors le maire de Schleithal qui annonce les mouvements de troupes arrivés dans son village. Ordre est donné aux escadrons Rosier et Margo du 3ème Hussard d’effectuer une reconnaissance offensive vers Schleithal. Ils se heurtent violemment à l’ennemi et ne dépasseront pas le passage à niveau. Déjà, les 5ème et 11ème corps allemands se portent en avant et s’alignent au pied de la colline.

Le général Douay redéploye alors la 1ère brigade Montmarie. Le 1er bataillon du 50ème (commandant Boutroy) est placé en équerre autour du château du Geisberg face au Nord, tandis que le 3ème bataillon du 50ème (commandant Joanin) est placé en « crochet défensif » face aux houblonnières.

Des batteries d’artilleries adverses (54 canons) se mettent en place progressivement et ouvrent un déluge de feu sur tout le Geisberg. Simultanément, l’infanterie prussienne surgit à la lisière Ouest d’Altenstadt sur les flancs des tirailleurs, tandis que se ranime la pression des bavarois sur Wissembourg.

Le général Douay, sentant qu’il a affaire à des forces supérieures en nombre, prépare le dégagement des troupes de Wissembourg, conformément aux ordres reçus. Il place ses 2 bataillons restants du 74ème (commandants Valet (3ème) et Cécille (1er)) en imbrication de ceux du 50ème aux alentours du château du Geisberg et fait engager les mitrailleuses du Cne Georges contre les batteries allemandes.

L’épisode peu connu de la perte du canon de la 12ème batterie.

Nos troupes sont prises sous le feu très violent de la mitraille, notamment la 12ème batterie Foissac établie sur les pentes du Geisberg et qui abat des pans entiers d’allemands. Ces derniers dirigent leurs feux contre nos artilleurs ; la plupart des chevaux ont été tués Il faut se réarticuler. La section du centre commandée par l’adjudant Forfert a été très éprouvée. La plupart des servants sont blessés, l’attelage d’un des 2 canons brisé. Forfert et les hommes disponibles tentent de relever et d’amener la pièce. Mais 800 prussiens dont le 5ème Chasseur de Silésie se précipitent. Le maréchal des logis -chef Roth et le brigadier Ragot partis cherchés l’affut de rechange aperçoivent la difficulté. Ils appellent quelques hommes des 50ème et 74ème à proximité : « à moi la ligne ! » crient-ils. Et c’est alors un court combat furieux de 30 minutes, au corps à corps, d’une soixantaine de Français ; en vain ! Ils ploient sous le nombre et n’arrivent pas à dégager la pièce d’artillerie qui sera la seule à tomber aux mains de l’ennemi. Mais l’honneur est sauf et les français se replient, emmenant leurs blessés.

La mort du général Douay.

Le général Douay réarticule sa brigade de cavalerie à la charnière des 2 brigades d’infanterie dans le vallon qui descend du Geisberg vers Altenstadt et rappelle la 12èmebatterie Foissac déjà fortement amoindrie pour soutenir la batterie de mitrailleuses en butte aux tirs croisés de 5 batteries adverses.

C’est alors qu’il est mortellement blessé sur les pentes du Geisberg par l’explosion d’un caisson d’artillerie venant de prendre un coup direct ennemi. Il est évacué au Schaffbuch. Il décède sans reprendre connaissance. Il est un peu moins de 11 heure. Le général Pellé prend le commandement.

Le repli et la fin de la bataille.

Le général Pellé organise le combat retardateur pour faciliter le retrait des troupes puis leur repli.

Les troupes du 2ème Corps bavarois et des 5ème et 11ème corps prussiens continuent à se déployer, appuyées par leur artillerie, débouchant d’Altenstadt et s’élançent vers le Geisberg.

A ce moment 4 bataillons français résistent à toute une division. Cette action retardatrice permet au 1er tirailleur de se dégager de Wissembourg et le recueil des autres unités peut également se réaliser.

Mais l’ennemi progresse, cette fois venant de Steinseltz. Il s’empare de l’éminence des 3 peupliers d’où on domine le château du Geisberg et effectuera dès lors de feux directs contre les murs du château.

Les derniers combats du château du Geisberg.

Le commandant Cécille du 1er bataillon du 74ème et ses camarades du 50ème tentent plusieurs sorties du château ; en vain. Il s’ensuit un repli, puis la défense ferme s’organise, pendant que les autres troupes françaises, commandées par le lieutenant-colonel de la Tour d’Auvergne rejoignent la ferme du Schaffbusch.

Vers 15H00, à bout de cartouche, les survivants consentent à se rendre.

Bilan de la bataille du 4 août.

Les troupes du Schaffbusch parviennent à se replier sur Haguenau. Le 1er tirailleur, la cavalerie en couverture et l’artillerie, tous en bon ordre, se replieront par Cleebourg et le col de Pfaffenschlich.

Il s’agit bien d’actes d’héroïsme, individuels et collectifs qui, pendant près de 7 heures, s’opposeront aux poussées ennemies. Au total un peu plus de 5000 hommes contre la première vague de 30 000 adversaires qui sera suivie par le flot d’une armée estimée à 300 000 hommes.

La division Douay perdra 1550 hommes, globalement 1/3 des effectifs engagés :soit 900 hommes des 50ème et 74ème de ligne au Geisberg et dans Wissembourg, 550 du 1er Turco ; les autres victimes venant des artilleurs, génie et cavaliers. A cela il faut rajouter les blessés et les prisonniers, évacués dès le lendemain en Allemagne.

Les restes de la division se regrouperont pour être en mesure en moins de 48 heures d’être engagés en deuxième échelon et de combattre à la bataille de Frœschwiller le 6 août.

Balade historique "Autour du champ de bataille du 4 août 1870"

 

PLAN DU CIRCUIT PÉDESTRE "AUTOUR DU CHAMP DE BATAILLE DU 4 AOÛT 1870"

plan-circuitgeisberg